La crise COVID et notamment les divers confinements en Asie, Europe et aux Etats-Unis ont soulevé la problématique de la production des médicaments consommés par les patients européens. En tant que cabinet de recrutement et consulting dans le secteur de la santé, nous avons décidé d’organiser un webinar le jeudi 5 novembre dernier afin de discuter du rapatriement de la production de médicaments en Europe et de son impact sur la politique talent. Nous avions aussi convié 5 intervenants experts pour nous partager leurs idées et recommandations :
- Nicolas DUFFORT - Directeur Stratégie, Organisation et Talent chez Seqens
- Georges FRANCE - Consultant Senior Qualité, ex VP Qualité chez GSK, et Membre de l'Académie de Pharmacie
- Aïcha GOUDIABY - Directrice RH et Communication chez Septodont
- Jean-Noël THIOLLIER – DRH Groupe Synerlab
- Caroline WISNIEWSKI Ph.D – Consultante Pharma Senior chez Actolis
Nous avons decidé de rendre le replay de ce webinar accessible à tous, et ci-dessous un resumé de ce qu'il fallait retenir de cette rencontre.
Context actuel de la production de medicaments
40%, c’est la part des médicaments finis commercialisés dans l’Union européenne provenant de pays tiers. Cette partie n’est que le dessus de l’iceberg, puisque les médicaments sont fabriqués à partir de matières premières et matières premières actives (API) provenant à 80% de pays d’Asie du Sud-Est.
La production d’un API est faite grâce à la succession de réactions chimiques partant de premiers éléments qui sont pour la majorité importés de pays étrangers. Ceci est lié à la fuite de sites chimiques en France et en Europe, il y a 20-30 pour 2 raisons majeures : l’une économique et l’autre environnementale. Ce n’est plus un secret, les sites chimiques polluent et des normes exigeantes à respecter ont été mises en place de manière tout à fait justifiée. Cependant, ces normes sont venues limiter la compétitivité des pays Européens.
Ces dernières années, le delta coût entre l’Europe, l’Inde et la Chine s’est progressivement amoindri car le niveau de vie augmente et de nouvelles normes environnementales sont apparues. Nous pensons notamment à la Blue Sky Policy en Chine d’il y a 2 ans qui avait déjà commencé à rendre l’approvisionnement compliqué.
C’est pourquoi depuis quelques années, le rapatriement de la production pharma et des molécules inéluctables est un sujet récurrent. Ce processus a déjà débuté pour certains, mais depuis la pénurie de certains médicaments dû au Covid-19, ce sujet est devenu une priorité gouvernementale. Nous parlons d’une nécessité de revenir à une souveraineté, ce qui signifie une capacité de refabriquer certains médicaments en Europe. Pour le moment, l’objectif porte principalement sur les médicaments les plus essentiels, tels que les anesthésies. Puis les enjeux de pénurie touchent principalement des médicaments anciens, à prix très bas ; ce qui permet d’envisager un ajustement des prix pour une rentabilité minimum et suffisante.
Capital Humain
A l’heure actuelle, le secteur a déjà des difficultés à trouver des candidats avec les bonnes compétences, alors si l’on souhaite produire de plus en plus en France, il va aussi falloir former plus de personnes. Les exigences de ce secteur sont élevées, si l’on souhaite que le rapatriement soit possible, il nous faudra décloisonner les silos entre les différentes industries et former le plus grand nombre. Nous pensons notamment à des formations initiales en cas de chômage ou bien même des mises à niveau pour une mobilité d’un secteur à l’autre (exemple de l’industrie lourde, passer à l’industrie pharma) ou bien même en interne.
Quelles sont les compétences nécessaires à un tel rapatriement et dont on manque aujourd‘hui ?
- Les fabricants, opérateurs de fabrication, techniciens de fabrication, tout cela avec des compétences augmentées puisque les systèmes sont de plus en plus automatisés.
- Des profils compétents et familiarisés aux outils informatiques car il y a de plus en plus de processus informatisés.
- Des profils de maintenance, supply chain
- Des fonctions support comme les spécialistes des affaires réglementaires.
- Des compétences en anglais afin de travailler dans un environnement européen et des dossiers étrangers.
Toutes ces compétences permettent d’assurer la chaine qui soit la plus complète possible, cependant les métiers d’aujourd’hui ne sont pas les métiers de demain, il est important de le garder en tête.
Avec cela, il est aussi important de prendre en considération que l’industrie pharma est plutôt lente. Les compétences ne sont pas pour le moment ce qui inquiète le plus, mais plus le rythme à laquelle les procédés et dossiers doivent être réalisés. Pour cela on manque plus de ressources humaines que de compétences.
Plusieurs points ont aussi été abordés :
- La présence des femmes encore trop faible dans la pharma
- S’occuper du bien-être des personnes déjà en interne avant de penser recrutement
- La logique de mobilité interne doit être renforcée
Afin d’en savoir plus sur la fin de ce webinar, les pronostics de ce rapatriement et quelques préconisations pour faire face à la pénurie de talents, retrouvez le webinar en replay en cliquant sur le bouton ci-dessous.
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